The Jefferson Airplane : White rabbit












"Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs"

Charles Baudelaire





"Au fil du temps qui passe, le tourbillon de la vie semble vous avaler : nous ressentons progressivement l'illusion d'une accélération qui contraste avec ces périodes de notre enfance où il pouvait arriver que l'ennui génère ces heures de plomb qui n'en finissaient pas de couler... Mais dans cette spirale qui nous entraîne, il arrive de temps à autre que nous ouvrions une porte que nous n'avions jamais ouverte, que nous croquions dans un fruit que nous n'avions jamais goûté... Tout soudainement, la course de la vie semble se figer, l'espace de quelques heures, de quelques minutes, de quelques secondes... Le temps semblera provisoirement suspendu. Et que l'impression laissée par cet instant décisif soit amère ou sucrée, cruelle ou bienfaisante, nous avons alors le sentiment de passer à travers un miroir, de nous rapprocher de nous-mêmes en nous rapprochant des autres, de grandir dans le plaisir ou la douleur, de naître pour une seconde fois.

Rencontre, apparition : chaque rencontre est une apparition dont nous ne saisissons l'importance que bien après coup... Pourtant il nous semble parfois que ce visage entrevu, nous l'avons déjà croisé, que cette silhouette entraperçue nous est déjà vaguement familière, depuis toujours. Comme si chaque recontre importante nous avait été déjà annonçée, dans une autre vie, dans un ailleurs improbable. Comme si nous avions été depuis si longtemps en position d'attente... Et quand nous croisons l'autre pour la première fois, en vérité, nous le connaissons... Même s'il vient de nous donner la certitude d'avoir déchiffré dans son regard les initiales du premier matin du monde.

Paradis perdu... Premières déceptions... Comme une fin de bal et son odeur de cendrier froid. Comme une fin d'enfance brûtale et soudaine. Comme une morsure au creux du ventre. Comme une boule dans la gorge qui nous empêche à la fois de déglutir et de parler... Nous ne savons pas très bien si noàus tombons d'une falaise ou si nous sombrons tout au fond d'un lac obscur. Nous espérons ce réveil en sursuat qui devrait mettre un terme à nos cauchemars d'enfant. Mais le vide continue à nous aspirer. Nous ressentons ce mal de mer qui chavire toujours l'estomac des jeunes voyageurs agenouillés sur la banquette arrière des automobiles. Cette impression de rentrée scolaire sans préavis. Rien ne va plus. Notre vie se froisse et se déchire ; nos pas s'alourdissent ; l'eau de la fontaine n'aura plus jamais la même transparence. Nous apprenons à ne plus pleurer comme l'enfant que nous ne seront plus. Nos chagrins sont muets ; ils hébergeront des félures révélatrices, des blessures et des cicatrices.

La terre peut avoir des couleurs d'enfer ou de purgatoire. De ces couleurs de feuilles mortes qui pourrissent dans le froid. De ces traversées du tunnel qui n'en finissent pas... Il suffit que la mort devance l'appel ; qu'elle se pointe avant terme ; qu'elle opère en embuscade ; qu'elle vienne faucher par surprise le blé en herbe et vendanger le raisin vert... Son image nous laisse dans un état de grande hébétitude ; elle nous fait perdre nos repères. Il n'y a plus le moindre voile, le moinde vêtement ; plus d'armure pour nous protéger contre la réalité de son rictus. Nous sommes nus, comme au premier jour ; fragile ; démuni ; tremblant... Notre enfance est orpheline.

Chacune des séquences de notre vie est comme un instant d'éveil inclus dans chacune des particules où vient danser la lumière... De ces particules qui composent l'air du temps précieux, mais qui conservent la mémoire de notre source et la perspectivre de notre embouchure... De ces atomes qui entrent en vibration pour transporter les parfums, les couleurs & les sons... Et même si, à l'échelle de l'univers qui nous entoure, notre existence a le caractère éphémère et la fulgurance du vol des papillons ou la danse légère des bulles de savon de notre enfance, cela n'a pas d'importance puisqu'elle recèle l'éternité toute entière dans la poussière de l'instant.

Ecrire sa vie n'est pas réservé aux écrivains, ou aux gens célèbres. c'est, virtuellement, l'affaire de tout le monde. Tenir son journal, pour combattre l'oubli et se guider dans la vie. Débrouiller les crises que l'on traverse. Témoigner sur les évènements auxquels ont a participé. Faire revivre son enfance. Dresser un bilan de sa vie. Transmettre à ses enfants un passé qui leur échappe alors qu'il les conditionne... Ouvrir un dialogue & espérer survivre. Autant de bonnes raisons de poursuivre par écrit ses gestes de "construction de soi" que chacun fait dans sa tête tout au long de sa vie pour être une personne. Mais n'est-ce pas "narcissique" ? Dangereux ou indiscret ? Et surtout difficile ? Comment ne pas paraître ridicule, outrecuidant ou ennuyeux ? Et puis qui vous lira ? Que faire de votre texte ? L'APA a pour but de mettre au jour ces désirs & ses difficultés, souvent vécus dans la solitude. L'alternative n'est pas d'être publié ou d'être oublié. L'APA propose d'autres formes, modestes mais efficaces, de convivialité et d'échanges, pour permettre à ces actes autobiographiques de s'épanouir."

La réponse est oui












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