Suprême NTM : IV my people







"Les jeunes zapatistes ne sont pas des machines de guerre, ce sont j'ai envie de dire, des machines à danser, parce que, s'il y a une chose qu'ils feront jusqu'au bout, c'est danser"

Sous-Commandant Marcos
Les Thugs, Ya basta



- Certains disent, dans notre histoire écrite, que Spartacus ou Jésus pourraient définir le premier des Underground. Ou bien Socrate buvant sa cigüe, François Villon inaugurant l'esprit zazou de Saint-Germain-des-Prés, Galilée, Benvenuto Cellini, Giordano Bruno, chacun menacé de, ou finissant sur le bûcher pour avoir ouvert de nouveaux horizons au monde ancien. Tout un fatras de révolutionnaires que nous n'allons pas faire défiler ici [...] Un jeune a toujours le droit de vous attendre comme un crétin au tournant, puisqu'on a tous été jeunes. On lui répond : se brancher, voilà ce qui était et qui restera une vérité underground [...] Quand on a adopté le mot underground, entre 1965 et 1970, on avait besoin de l'Amérique. Elle faisait miracle dans cette Europe des petits costumes et des bleus d'ouvrier. Elle renvoyait encore le meilleur de nos aspirations aux travers de tous ses étouffés, de ces menacés de mort, les Capra, Lubitsch, Einstein, Raymond Loewy ; mais aussi les Franz Fanon, Cheik Anta Diop inspirant le Black Power, Simone de Beauvoir pour Women's Lib. Rimbaud ou Jarry chez les diggers, ces premiers freaks de San Francisco qui ont pillé & recyclé concrêtement la société de consommation. Cette Amérique-là, celle de la Liberté, qui avait de l'avance. L'Amérique qui suivit, aussi : medias, pub et malaxage mental. Amnésie des racines, égalité brutale et sans remords de chacun pour soi démocratique et tant pis pour les boiteux. Son underground, nourri d'Europe mais futurisé post-Disneyland, devenait impressionnant pour une Europe qui n'avait toujours pas la télé en couleurs, le congélateur, la banquette arrière géante et la pillule qui va avec. Nous grandissions dans une Europe engluée dans l'hébétitude post-holocauste, secouée par la perte de ses empires coloniaux. On ne se rendait pas compte que l'Amérique nous faisait les poches ! Qu'on allait recycler le relookage américain de nos révoltes historiques et contribuer au marketing de la culture jeune. C'est pourtant bien à Paris qu'ont été publiés Miller et Nabokov ; à Amsterdam que les prolos ont inventé l'écologie urbaine post-situationniste. Sans être écolos conservateurs à l'Américaine, ni rêveurs ramollos cools à la Walt Whitman. Le système s'ingénie à fabriquer des sobriquets péjoratifs pour ridiculiser qui le nargue [...] On s'en foutait ! On attaquait tous les impérialismes, sous toutes les faces. L'underground chinois, iranien, cubain ou algérien mérite la même solidarité en 2001 que l'underground chèque après 1968. Par la subversion culturelle , par l'attaque oblique de l'ordre moral d'où qu'il soit ; plutôt qu'en s'en prenant militairement à l'Etat policier. Pour nous, ce n'est pas Ronald reagan qui a eu la peau de l'Empire soviétique, c'est Frank Zappa ou le Velvet Underground à Prague et, dans le reste de reste de l'Empire soviétique et bien plus loin que ça, le traumatisme écologique de Tchernobyl. A chaque époque son underground. A chaque génération ses héros résistant aux dogmes. c'est de son tonneau que Diogène dénonçait les limites de la démocratie athénienne. L'underground qui peut changer le monde, cherche-le aussi en Inde, en Indonésie, chez tous les provocateurs., chez tous les musulmans, au fond de l'Empire russe décomposé, de la Slovénie à la Mongolie intérieure, dans les banlieues ghettos et favelas, de l'Iran au Maroc ; chez les Blacks des tropiques, chez les pirates techno comme chez les derniers savants indigènes des forêts encore vierges. Voilà les chasseurs d'espoirs de la planète. C'est toujours une vie à risquer, non ? [...]
- Si tout est toujours récupéré, à quoi sert de continuer à galérer, une fois qu'on a craché sa vérité ?
- La liberté ne demande à personne de crédit à long terme. Elle pousse et repousse dans les déchirure de la camisole. Si ça te fatigue, t'inquiète pas : les gens surprenants t'éviteront."


Jean-François Bizot













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