Elvis Prestley : A little less conversation











"Raseur. personne qui parle quand vous souhaitez qu'elle écoute"

Ambrose Bierce







- "Dans l'étrange pays de Serendip, tel qu'Horace Walpole en a conté la légende dans Les trois princes de Serendip, tout arrive à l'envers. Vous trouvez par hasard ce que vous ne cherchez pas, vous ne trouvez jamais ce que vous cherchez. Vous commettez une erreur : elle tourne à votre avantage. Vous voulez du mal à quelqu'un : vous assurez sa prospérité. Fort de l'expérience, vous manoeuvrez en sens opposé : vous aboutissez à plus inattendu encore. Walpole appela ce curieux effet serendipity. Nommons-le effet serendip. Il a toujours joué un grand rôle dans l'histoire [...] Avec ou sans violen..."
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Quoi ?
- A quoi tu penses ?
- A
rien.
- Depuis tout à l'heure t'as l'air ailleurs...
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Je t'écoute.
- C'est tout ?
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Quoi d'autre ?
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Que ma langue parte en poudre si t'y trouves quelque chose de pérempse à moudre.
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- "Avec ou sans violence, la France m'est toujours apparu comme un royaume de Serendip, où les surprises abondent. Ses dirigeants y ressemblent à ses joueurs qui, sur un billard bosselé, provoquent des carambolages imprévus. Plus leurs calculs ont été habiles, plus ils manquent leur coup. Le joueur qui se fie au hasard sera moins déçu
[...] De quels héros historiques se berçe, de nos jours, notre imaginaire ? Vercingétorix enchaîné au char de césar. Saint Louis, mort dans une croisade manquée. Jeanne d'Arc qui s'était juré de jeter les Anglais hors de France, et fut emprisonnée par eux ; de mettre son roi sur le trône et fut abandonnée par lui ; de répondre à l'appel de Dieu, et fut condamnée par un tribunal de l'Eglise. Louis XIV qui voulait assurer à la France la magnificence, et s'éteignit dans un royaume réduit à la misère. Napoléon qui voulait contraindre la Grande-Bretagne à la famine, et fut déporté par les Anglais sur un ilot perdu. Et ne parlons pas de nos héros contemporains, presque tous marqués par l'échec... L'effet serendip est le p..."
- Je peux te poser une question ?
- Bien sûr.
- Tu ne vas pas te fâcher ?
- Non. Pourquoi ?
- T'es ssssssûre ?
- Ca va bien...
- Tu promets ?
- Abrège, tu veux ? ! ? ! ? !
- Voilà.
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- Tu t'en fous, en fait.
- Eh, qu'est-ce que tu vas chercher là ? Alain Peyrefitte, c'est de l'hostie...
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- Vas-y, continue : je suis toute ouïe !
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- Sissi !
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- C'est fini : plus rien je dirai...
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- "L'effet Serendip est le pain quotidien de notre histoire. Il affecte les régimes que la France s'est donnée jusqu'à nos jours ; ils ont tous abouti à l'inverse de ce qu'ils recherchaient. La monarchie de droit divin ? Le caractère sacré du roi fut aboli à jamais dans un meurtre rituel. La révolution ? L'anarchie qu'elle provoqua déboucha sur la dictature. Napoléon ? Il entendait être le continuateur de la révolution : sa démesure rétablit la royauté. Louis-Philippe ? Il voulut réconcilier la royauté et les trois couleurs ; il coalisa contre lui le blanc des légitimistes, le bleu des républicains et le rouge des socialistes. la révolution socialiste de 1848 ? Elle amena au pouvoir le parti de l'ordre, et, pour finir, un Empire autoritaire [...] Les Républicains du 4 septembre 1870 provoquèrent une réaction monarchiste. Les monarchistes de 1871 fondèrent la République. Ils la croyaient toute provisoire ; elle dure encore. La Vè République n'a pas échappé non plus à l'eff..."
- Je peux te demander un service ?
- Tu ne vas pas recommencer...
- Promis, juré.
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- Sérieux.
- Ok...
- Voilà.
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- Tu vas trop loin.
- Et toi, pas assez.
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- Je voulais voir si c'était possible de te couper le sifflet. Ca a marché...
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- On va régler ça.










4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je me suis délecté de ça comme un enfant de chocolat…

H. Incorporated a dit…

[Content que tu aies apprécié : cette note parle d'elle-même. Une sorte de - pense-bête ? Pour ne pas devenir - sourd. Faire un sort à quand j'étais un petit garçon - fragile d'une oreille*]



Un après-midi [il y a bien une demi-décennie] à traverser le centre ville, bientôt hypnotisé par une banderolle au-dessus d'un chapiteau qui disait : "braderie de livres - vente au kilo". Il fallait bien ça pour que je me laisse aller à entrer en posession [non pas d'un, mais] de t.r.o.i.s.** de ses livres... Une sorte de blague personnelle : puisqu'il faut connaître son ennemi - pourquoi ne pas les acheter ? Je ne sais même pas s'il m'a coûté l'équivalent de 40 francs d'alors : l'immortalité d'un académicien à vil prix, c'est une blague qui dévaste tout [alors] autant lui trouver une phosphorescente utilité...







* [Une ottite tellurique] Je ne sais pas laquelle [et, disons que je devrais la surveiller comme le lait sur le feu] donc je me méfie plutôt des deux
** Eh quoi !!! "Le bonheur dans le crime"...

Anonyme a dit…

De qui sont les extraits? je m'en délecte car j'ai écrit... dans l'un de mes essais avortés qui doit trainer à l'heure qu'il est au fond d'un tiroir... une chose à peu près (mais peut-être pas) équivalente...
J'ai plus qu'apprécié... j'ai du relire au moins trois fois ta note... et je reviendrais certainement la relire... quand on aime on ne compte pas...

H. Incorporated a dit…

Tous les extraits proviennent du livre "Le mal français", d'Alain Peyrefitte. L'analyse tient la route et la distance [je veux dire : à mon avis] au-delà de son cadre politique et de ce qui me sépare [mettons : six galaxies] de son auteur...

Difficile de rééditer un truc pareil. Le fond, le message, c'est possible, ok - mais : une autre fois, trouver quelque chose de plus... De plus. Ou - tout aussi.

[c.h.a.n.g.e.m.e.n.t.d.e.v.o.l.t.a.g.e.]

Cet après-midi, j'ai du acheter un livre dont j'ai jusqu'à lundi pour m'armer. C'est pas la marade du siècle, le sujet, alors : sans doute m'en venger en y puisant l'inspiration pour jeter un nouveau sort... J'ai la trame en tête et les ingrédients pour aller avec : restera donc le dernier, essentiel... Arrêter le temps.